Comment la rigueur s’est imposée
Alors que notre ministre de l’économie n’a pas craint le ridicule en parlant de « rilance », contraction aussi ridicule que maladroite de rigueur et relance, les Grecs vont au bout de la politique annoncée ce printemps. Alors que beaucoup pensaient que la population ne suivrait pas, même s’il y a des protestations, il faut constater que le gouvernement a obtenu des résultats assez spectaculaires. Le déficit budgétaire a baissé de 41.6%, de 19,7 à 11,45 milliards d’euros.
La potion amère « fonctionne » si l’on considère que les recettes augmentent, que les dépenses diminuent et que la population accepte. Mais ce que cet article oublie de dire, c’est que le PIB devrait reculer de 4% cette année, et encore pareil l’année d’après, que le chômage touche officiellement 11.6% de la population et que l’inflation dépasse 5%, ce qui, avec les baisses de salaire, se traduit par une baisse brutale et sauvage du pouvoir d’achat de la population.
Des conséquences multiples
Le respect du plan de marche extrêmement sévère imposé par Bruxelles et le FMI va avoir beaucoup de conséquences. Tout d’abord, cela devrait faciliter la poursuite de cette politique. En effet, en seulement un an, la Grèce parvient à faire plus de la moitié du chemin entre les 14% de déficit de 2009 et l’objectif de 2013. Athènes démontre qu’il est possible de faire beaucoup en peu de temps, fût-ce au prix de conséquences sociales redoutables.
Mais les résultats de la Grèce pourraient bien rapidement mettre de la pression sur d’autres pays européens. En effet, si le déficit d’Athènes tombe à 8%, que va-t-il se passer pour l’Espagne, dont le déficit annoncé sur cette année est de 9.9% et… pour la France, à 8.4%. En effet, les marchés ne vont pas longtemps demander qu’un peu plus de 3% de rendements à Paris et plus de 10% à une Grèce dont le déficit serait inférieur à celui de notre pays…
Laurent Pinsolle